Daily Archives: January 30, 2012

リベラシオン紙チャット 「脱原発は出来るのか?」 – Libération Tchats : Peut-on sortir du nucléaire ?

今日2012年1月30日付のリベラシオン紙の記事「チャットライブ今日15時・脱原発は出来るのか?」という記事で知ったよ。

今日フランス時間15時から、フランス紙・リベラシオンが公開チャットをするってよ。(現在フランス時間、調度12時になる所なので、今から3時間後。)

チャットで、色々質問を投げかけれるのは、福島第一原発事故以降、頻繁にリベラシオン紙に名前を良く見かける科学者で、シルベストル・ユエ(Sylvestre Huet)氏。

質問を事前に送ることが出来、チャットの際に取り上げてくれるってさ。

送り先はココ。→ tchats@liberation.fr

チャットはココから入って、適当にチャット用の名前を書き込んでONすると入れる。→ http://archives.liberation.fr/popupChat.php/

シルベストル・ユエ氏は、「原発=未来のシナリオは?」(2012年1月19日出版)の著者の1人。

以下、リベラシオンの記事まんま。

Libération – 30/01/2012

Tchats
En direct aujourd’hui à 15h00
Peut-on sortir du nucléaire ?

«Nucléaire: quels scénarios pour le futur?» (Ed. La ville brûle), ouvrage collectif rédigé par deux chercheurs, Michel Chatelier et Daniel Heuer, l’économiste Patrick Criqui et Sylvestre Huet, journaliste scientifique à Libération. Posez vos questions en direct à Sylvestre Huet.

Posez vos questions dès maintenant par mail en cliquant ici, elles seront prise en compte au moment du direct.

http://www.liberation.fr/sciences/1201580-peut-on-sortir-du-nucleaire

リベラシオン紙企画のチャットは、キッカリ1時間だった。

で、その全記録を以下、置いておこうっと☆

Libération : Bonjour, le tchat avec Sylvestre Huet commencera à 15 heures, vous pouvez poser vos questions dès maintenant, elles seront prises en compte au moment du direct, merci.
neptuniuman : La question n’est pas de savoir si on peut : tout est possible si on se donne le temps et que l’on ne se préoccupe pas des conséquences. La vrai question est : est-il raisonable de sortir du nucléaire ?
Tanguy : Sortir du nucléaire? Oui, mais raisonnablement, à quel horizon?
Sylvestre Huet : Deux internautes font référence à la notion de raison. L’usage du nucléaire ou son non usage doit effectivement être abordé de ce point de vue, c’est-à-dire avec raison.
Sylvestre Huet : Il existe des raisons de vouloir l’utiliser: sa capacité à fournir, dans certaines conditions, de quantité d’électricité pour des pays urbanisés et industrialisés, et avec des perspectives de long terme en terme de ressources (uranium, voire thorium).
Sylvestre Huet : Il existe des raisons de ne pas vouloir l’utiliser. Par exemple, tout pays encore peu industrialisé ne disposant pas de réseaux électriques de bonne qualité. Tout pays ne disposant pas des moyens scientifiques, techniques et d’organisation sociale pour contrôler le risque nucléaire. Tout pays de petite taille, par exemple un petit pays européen et qui ne voudrait utiliser le nucléaire que s’il contrôlait lui-même son approvisonnement en combustible nucléaire. Enfin, toute société considérant que pour des raisons propre à son pays et variées, elle ne peut pas gérer le risque nucléaire et décidant en conséquence de ne pas utiliser cette source d’électricité.
Sylvestre Huet : Il existe également d’excellentes raisons de ne pas utiliser l’énergie nucléaire, dès lors que l’on dispose d’une source d’électricité renouvelable susceptible de produire les quantités d’électricité dont on a besoin, avec la même régularité.
Sylvestre Huet : C’est par exemple le cas du Québec ou de la Norvège qui peuvent ou pourraient décider de n’utiliser que l’énergie hydraulique complémentée par d’autres sources non nucléaires pour s’alimenter en électricité.
autremonde : Sortir du nucléaire, c’est peut être très bien, mais ne faut-il pas avant tout réduire la consommation électrique ?
Sylvestre Huet : Il y a plusieurs questions qui portent sur le thème des économies d’électricité. C’est évidemment la question majeure. Il y a certainement dans un pays comme la France des possibilités très significatives d’économie d’électricité. En revanche, à l’échelle mondiale, l’électricité qui est l’énergie des ville par excellence, ne va probablement pas diminuer.
Bea : Face au réchauffement climatique, l’énergie nucléaire est-elle la piste la plus fiable?
xiongmao18 : Avec les autres sources d’énergie à leur pic de production (pétrole) trop polluantes (charbon) ou complexes à transporter (gaz naturel, éolien offshore), peut on parler de fin du nucléaire sans parler d’une sérieuse réduction de notre consommation énergétique?
neptuniuman : On parle du nucléaire comme si c’était une “chose” dont il serait facile de se passer. Il suffit de lire la liste des nouvelles installations charbon d’Allemagne (8 000 MW de plus en 2012) pour comprendre les conséquences climatiques.
Sylvestre Huet : Face au réchauffement climatique, la réponse par le nucléaire ne peut qu’être très partielle. A elle seule, et même à l’échelle du siècle, et en faisant des hypothèses raisonnables sur son développement, elle resterait très minoritaire dans la production d’électricité à l’échelle de la planète.
Sylvestre Huet : Est-ce une raison pour l’écarter? Non, car personne ne sait si la part d’émissions de gaz à effet de serre qu’elle permettrait d’économiser ne serait justement pas celle qui ferait la différence entre un changement climatique important et un dérapage très dangereux. Mais ce raisonnement est valable pour toutes les alternatives à des sources d’électricité émettant du gaz carbonique.
Sylvestre Huet : Autrement dit, l’argument n’est décisif ni dans un sens, ni dans l’autre. En revanche, ce qui est assez évident c’est que les pays actuellement nucléarisés et où la sortie du nucléaire va ou pourrait avoir lieu seront conduits à utiliser plus fortement le charbon et le gaz pour générer leur électricité, dans les deux ou trois décennies à venir. Cette question se pose en Allemagne, au Japon, aux Etats Unis, et dans d’autres pays.
Polluck : Pourquoi sommes nous le seul pays au monde à avoir fait le choix du presque tout nucléaire ?
Sylvestre Huet : La principale des raisons se situe probablement dans la décision d’abandonner presque totalement le charbon, le gaz, et en 1974, le fioul, comme source d’électricité. A partir du moment où les ressources hydrauliques sont presque toutes utilisées cela conduisait d’autant plus à un pourcentage de l’ordre de 75% de nucléaire que les économies liées à la standardisation des centrales opérée par un seul électricien permettait d’espérer des coûts plus bas.
Polluck : Notre soit disant indépendance énergétique ne serait elle q’une illusion? Pourquoi sommes nous si inquiet de la décision de l’Allemagne?
Sylvestre Huet : Aujourd’hui, la totalité de l’uranium utilisé dans les centrales françaises provient de l’étranger, surtout du Canada, du Niger. Mais la notion d’indépendance doit être précisée. L’énorme différence avec le pétrole, par exemple, ou le gaz, c’est qu’il est assez facile de se constituer plusieurs années de stocks de combustibles ou de matières pour les fabriquer. Il est possible d’avoir trois années ou plus devant soi de combustibles nucléaires, ce n’est pas le cas pour le pétrole ou le gaz.
xiongmao18 : Pourrait-on rappeler en préambule, que même la Cour des Comptes ne sait pas en janvier 2012 combien coûtera le nucléaire à cause de l’énorme (et au montant inconnu) facture du démantèlement et de l’enfouissement des déchets ultimes? Merci!
Sylvestre Huet : On saura demain ce que dit la Cour des Comptes, je dois couvrir le sujet pour Libération. La question du coût du nucléaire demeure très polémique mais il y a tout de même une expérience internationale de plusieurs décennies qui montre que ce coût n’est pas le même pour tout le monde.
Sylvestre Huet : EDF n’a pas reçu un centime de l’Etat depuis trente ans, et en revanche lui a versé des milliards en impôts, mais également en prélèvements sur les bénéfices. Toutefois, de son côté l’Etat finance une part de la recherche et le système de contrôle et de surveillance.
Sylvestre Huet : Les coûts du démantèlement sont actuellement provisionnés à hauteur de 50% du coût de construction de l’ilôt nucléaire pour chaque réacteur. Est-ce suffisant? Il existe pour l’instant une seule expérience de démantèlement complet d’une centrale du type français classique, aux Etats-Unis, elle n’a pas montré un écart énorme avec les prévisions.
Sylvestre Huet : La vraie question est plutôt: est-ce que ces provisions seront disponibles? Le coût du stockage géologique des déchêts est estimé par l’Andra à 35 milliards, au total d’ici 2125 pour la production d’électricité d’environ 70 ans. Le chiffre peut sembler énorme, mais en réalité il correspond à 1 ou 2% des recettes de la vente d’électricité pour cette période.
simon : la question de l’avenir du nucléaire qui cache celle de l’énergie n’est elle pas plus celle de l’organisme de gestion et de production ? Un bien public géré par un investisseur public peut seul amortir des projets sur trente ans
grobill : Un marché commun cherchant concurrence entre opérateurs et mise relations des réseaux sera-t-il suffisament solide pour résister à des sorties/reprise du nucléaire non coordonées? Autrement dit, peut-on faire l’impasse d’une vision européenne de la question
Sylvestre Huet : Il est probable qu’aucun industriel de l’électricité européen ne se lancera dans le nucléaire dans les années, voire les décennies, qui viennent. Seul GDF-Suez avait le projet de construire un réacteur nucléaire en France, mais le gouvernement a bloqué le dossier. Il me semble que la privatisation de l’électricité et la mise en concurrence des opérateurs signifie que toute décision de recourir au nucléaire sera prise par les gouvernements ou pas. Mais pas par des industriels. A l’échelle de l’Europe, il n’y a pas de consensus sur les technologies à utiliser pour l’électricité, il n’y a donc pas de vision européenne du sujet, sauf celles qui prétend que la concurrence sur un marché “libre et non faussée” constitue la solution miracle.
Polluck : Pouvons nous raisonnablement envisager le démantèlement et en même temps investir dans les énergies renouvelables? Est il trop tard pour faire marche arrière et doit on attendre L’accident pour enfin en parler d’une manière sérieuse et/ou organiser un référendum sur la question?
Sylvestre Huet : Un référendum, pourquoi pas? Le démantèlement des centrales en fin de vie sera de toute façon nécessaire, et ne s’oppose pas à un recours accru aux énergies renouvelables.
Decouplage : “Une électricité 100% renouvelable est possible pour l’Allemagne et l’Europe à horizon 2050 (et même 2030 si nécessaire). Le système reposera principalement sur l’éolien et le solaire. Les interconnexions et le pompage-turbinage joueront un rôle crucial.” Olav Hohmeyer, membre du GIEC
Decouplage : Le rapport du GIEC sur les EnR (SRREN, synthèse de la littérature scientifique mondiale) est très clair: l’humanité peut passer à 80% d’EnR en 2050, pour un coût inférieur à 1% du PIB mondial.
Sylvestre Huet : Le rapport du GIEC dont vous parlez évoquait un tel scénario sans en juger la plausibilité.
Sylvestre Huet : L’éolien et le solaire posent comme principal problème leur intermittence et leur densité énergétique. Il n’existe, pour l’instant, aucun système de stockage de l’électricité à la hauteur des flux qui transitent par les lignes à haute tension, et malheureusement aucun système en développement.
Sylvestre Huet : Il est assez clair que pour les deux ou trois décennies à venir en Europe ces deux sources d’électricité fonctionnent en complément d’un système électrique dont la base est constituée de charbon et de gaz, et d’hydraulique, dans certains pays.
Sylvestre Huet : Il est possible que dans la seconde moitié du siècle cette limitation des énergies solaires et éoliennes soit dépassée. Par exemple, le solaire à concentration et utilisant des sels fondus offre une inertie thermique permettant un stockage massif. Mais est-ce que ces perspectives permettront de se passer totalement des fossiles comme du nucléaire, c’est ce que personne ne sait aujourd’hui.
alexein : L’incendie de la centrale nucléaire du Havre de ce matin rend encore plus à propos votre entretien. Qu’en pensez-vous?
Sylvestre Huet : Il n’y a pas de centrale nucléaire au Havre, c’est une centrale à charbon.
Jules : Vous sous-entendez donc que les scénarios présentés par le GIEC ne sont pas plausibles ?
Sylvestre Huet : Le GIEC avait fait la liste de tous les scénarios présentés dans la littérature scientifiques et économiques, il n’a pas émis de jugement sur leur plausibilité. D’ailleurs, il travaille de la même manière avec les scénarios économiques, démographiques, et d’émissions de gaz à effet de serre. Il les présente tous sans les classer en terme de plausibilité.
Sylvestre Huet : Donc, le scénario à 80% de renouvelable en 2050 existe dans ce rapport du GIEC, avec d’autres très différents et rien dans le texte ne les juge. D’ailleurs, je vous rappelle que le GIEC n’émet aucune recommandation. Il dit seulement, en fonction des connaissances existantes, voilà ce qui peut se passer, selon tel ou tel scénario.
ALP99 : Nos centrales sont-elles sûres ?
Sylvestre Huet : Les avis sont partagés.
Sylvestre Huet : Les associations de citoyens qui estiment qu’il vaut mieux ne pas utiliser cette source d’énergie pensent que le risque d’un accident grave avec une émission massive de radioactivité est de 100 pour 100 pour les réacteurs français.
Sylvestre Huet : L’autorité de sûreté nucléaire est manifestement d’un avis différent puisque elle vient de conclure des évaluations complémentaires de sûreté réalisées à la suite de l’accident de Fukushima qu’il n’était pas nécessaire d’arrêter ces centrales immédiatement.
Sylvestre Huet : En revanche, et cette décision est antérieure à l’accident, elle avait demandé à EDF de réaliser des investissements supplémentaires pour la sûreté des centrales.
Sylvestre Huet : Par exemple, de renforcer le radier en béton de la centrale de Fessenheim. A la suite de Fukushima, elle demande à EDF de mettre sur pied une capacité d’intervention rapide sur toutes les centrales et d’installer des sources électrique d’ultime secours en cas d’accident.
Sylvestre Huet : Ces réponses sont évidemment très courtes, ce sont les contraintes de l’exercice. Il existe de nombreux livres sur le sujet d’opinions diverses. J’en ai présenté plusieurs, pour et contre le nucléaire, sur le blog Sciences 2, et je viens de publier un livre à quatre auteurs avec deux physiciens et un économiste sur le sujet où vous trouverez de plus amples explications.
Libération : Vous pourrez lire l’intégralité du tchat dès cet après-midi sur le site internet de Libération, merci à tous, à bientôt pour un prochain rendez-vous.